D'apparence cassante, cynique, un peu pessimiste, froide, dure et autoritaire, elle a de quoi être repoussante. Toujours est-il que l'habit ne fait pas le moine. A tout hasard, si on creuse un peu chaque défaut, on peut y voir pas mal de qualités. Je vous laisse le soin de les deviner avec l'aide de ce qui va suivre, de son histoire et des RPS.



A sa manière, Fley protège les gens, les oblige à grandir ou à réfléchir pour se protéger. Elle les endurcie, elle-même endurcie par son passage à Naos. Au désarroi de certains, elle ne haït pas les humains. "Chaque personne est différente. Si les humains - dont je me fiche bien dans leur globalité - mais non pas de chacun individuellement - se laissent influencer, c'est par éducation en partie et non parce qu'ils ont obligatoirement un mauvais fond. Il faut se méfier mais laisser sa chance à chacun, avec précautions jusqu'à ce que la confiance s'installe." Elle reste juste ou tout du moins fait ce qui lui semble juste.



Capable de combattre et de faire des sacrifices, elle peut parfois avoir l'air insensible mais elle est suffisamment forte et mature pour pouvoir canaliser ses sentiments - ce qui est long à apprendre parfois.



Stratège, elle ne prend pas de risque inutile. C'est pourquoi elle ne se bat pas sans cesse pour la paix. "La paix est quelque chose d'éphémère; c'est dans la nature humaine. Est-il nécessaire d'anéantir l'humanité? Personne n'a de droit de vie ou de mort bien que chacun le prenne pour des raisons qu'il croit juste. Le bonheur est comme l'ombre qui est visible grâce au soleil. Pour voir le bonheur, certains ont besoin de son contraire."



Au contraire de cette attitude probablement négative aux yeux de beaucoup, l'ange ne se fiche pas de la paix, elle se battra pour les siens, pour aider les prisonniers, pour faire réfléchir les humains, pour une paix même éphémère. Elle cherche pour cela la réelle cause de la guerre.



Ce qui vous perturbe vraiment chez elle, ce n'est pas tout ce que vous avez déjà pu lire. Nous avons tous connu de près ou de loin des personnes qui ne faisaient pas envie à côtoyer aux premiers abords. Non, ce qui dérange vraiment au sujet de Fley est qu'elle est à la fois investie dans son propre monde, son propre univers, est affecté par ses propres sentiments comme tout le monde mais en même temps, elle a l'air loin de tout, inaccessible et distante, comme si elle n'était plus réellement là; presque méconnaissable...

Les traits marqués  de mon visage témoignent de la dure captivité que j'ai pu vivre. J'ai hérité des yeux bleus cristallins de ma mère. Elle m'a enseigné que c'était le reflet de l'âme. Tant qu'une lueur y brille, alors nous sommes encore en vie au fond. Ma captivité ne m'a pas brisé bien qu'elle m'ait pris ma voix. Mes cheveux immaculés ont été teintés de rouge par le passé et ils le seront sûrement à nouveau. Je veux défendre les miens et la musculature que l'on peut voir, sans pour autant m'enlever ma féminité, prouve cette volonté. Elle prouve l'expérience que j'ai acquise avec le temps.



Outre cette apparence proche des humains, je suis dotée de grandes ailes blanches, suffisamment grande pour me permettre de voler. Malheureusement, j'ai perdu des plumes dans la bataille et l'une de mes ailes est toujours bandée en plus d'être décorée de quelques cicatrices devenant grises avec le temps; palissant parfois.

Le pelage noir que j'arbore sous forme de louve a la chance d'être mi-long donc relativement isolant face au froid extérieur à la forêt mais il est aussi discret. Cependant, il est trahi par mes yeux dorés qui se voient plus que la lune dans la nuit. Je n'ai jamais su changer ces caractéristiques. Kinta le pourra-t-elle?

Née en pleine guerre, je n'ai pas connu de période de longue paix. Les rares trêves, si on peut les interpréter ainsi, qui s'étaient créées n'étaient que le résultat d'une baisse de régime pour les deux camps.

Grandissant auprès de parents attentionnés, je n'eus pas une enfance malheureuse. J'ai longtemps été éduquée dans le respect de chacun et l'on m'a amené à désirer un monde de paix où chacun pourrait vivre heureux.

Cependant, cela ne dura qu'une courte période. Dès que j'eus atteint l'âge de raison, mon père, Atariel, m'apprit à me battre. Il m'enseigna tout ce qu'il connaissait en tant que maître d'armes et me poussait à me surpasser sans arrêt. Il voulait que je surpasse mes aînés. Moi? Je ne comprenais pas pourquoi il y tenait. Je ne voulais le mal de personne. Pourquoi irais-je me battre? Pour sauver mes camarades? Dans ce cas pourquoi savoir que si je plantais une dague dans le dos, entre ces deux côtes, je pouvais trancher la moelle épinière ainsi que le cœur et ainsi tuer sans aucun doute mon ennemi? Pourquoi ne pas apprendre uniquement à désarmer nos ennemis? Pourquoi ne pas les neutraliser simplement? La seule réponse que l'on me donna fut "parfois, on n'a pas le choix". Quelle ironie lorsque sur d'autres sujets on insistait sur le fait que tous avaient toujours le choix. Ce fait était surtout appliqué aux humains, pour ne leur accorder aucune excuse. Quelle tristesse. Tout le monde se contredisait au fond et j'en étais déroutée. Mais j'étais encore trop jeune pour voir tout ça. Je prenais ce que l'on me disait pour argent comptant. Je ne connaissais que ça...

La douce Luma ne se préoccupait que de mon éducation au sein de la forêt. Elle m'apprit à m'ouvrir aux autres et à partager. Ne se souciant guère des humains, elle s'appuya sur son vécu pour me raconter l'histoire du monde sans m'influencer. Elle me demandait sans cesse ce que j'en pensais mais ne partageait jamais sa vision des choses. Ne voulait-elle pas que je réfléchisse? Avait-elle peur que je n'ai pas assez de volonté pour affirmer mon opinion ou la confronter à la sienne pour ne me faire qu'une meilleure idée?

Je m'entendais plus ou moins avec le reste des habitants. Considérée comme une enfant gentille, on me demandait parfois des services que je rendais avec politesse. Pourtant, dans certains regards, lorsque je m'y voyais, j'étais différente. Quelque chose en moi semblait différent aux yeux de tous. A l'époque, je pensais que ce n'était que parce que je n'avais pas encore développé mon don. Mais la vérité était tout autre.

Ce que j'ai vu par la suite renversa la réalité dans laquelle je vivais. Je compris que tout n'était que mensonge. Chacun avait sa propre vision du monde mais personne ne savait laquelle était vrai parce qu'au fond, aucune n'était réelle. Moi-même, je m'égare encore dans une vision du monde qui n'est créée que par les sentiments dont je suis habitée. Mais le monde est autre car personne ne comprend. Je ne prétends pas comprendre mais je sais au moins que l'on ne voit que ce que l'on veut voir et qu'on adapte cette vision du monde à nos besoins.

On m'obligea à prendre part à diverses batailles. Je ne tuais qu'une fois et cela me traumatisa à l'époque. Je trouvais cela horrible de prendre une vie. Mais l'on me dit que je m'y ferais. On me dit que c'était pour la bonne cause. Que savaient-ils de ce qui était bon ou non? Prendre une vie n'était pas chose facile peu importe ce qu'il en était. Aujourd'hui encore, je regretterais d'avoir à tuer. Mais depuis que mon don s'est révélé, mon point de vue sur les choses a changé. L'âme ne meurt pas. Je ne comprends pas ce qu'est l'âme mais il en est toujours que ça existe. Parfois, elles apparaissent comme des fragmentations de souvenirs tandis que d'autres fois elles sont comme l'essence même d'une personne. Je soupçonne les premiers de n'être que le résultat d'une longue errance dans cette autre facette du monde que je perçois. Cependant, tout porte à croire que ces âmes sont envoyés ailleurs. Auraient-elles une vie meilleure? Renaissent-elles? Je n'en ai pas la moindre idée. La vie ne s'étend pas simplement à un corps, c'est tout ce que j'en sais. Tuer est mauvais, chacun devrait faire son temps mais dans ce cas, pourquoi certains sont-ils immortels? Trop de questions sont sans réponses et le bien est indistinguable du mal, tout repose sur l'idéal de chacun.

Le vampire qui m'avait tout apprit sur les dangers du monde, Atariel, quitta subitement ma vie lors d'une bataille qui avait fait des centaines de morts pour les deux camps. Une bataille sans intérêt... Je me demandais encore pourquoi les créatures surnaturelles rentraient dans le jeu des humains. Nous devions être plus sages, mais nous n'agissions pas qu'en sage. Je pouvais comprendre le désire de récupérer les siens mais pas celui de rentrer dans une bataille lorsque l'ennemi était à nos portes, bien trop solide pour qu'ils y entrent. La haine les poussait-il? Redevenions-nous humains? Ils étaient nos ancêtres, il était possible que leurs instincts soient encore en nous.
Quelques semaines plus tôt, Kinta était née. Ce n'était pas la première fois que je voyais un bébé. En revanche, c'était la première fois que l'on me demandait de m'impliquer dans sa vie. Je ne le souhaitais pas. J'avais suffisamment de difficulté à tracer ma vie, à comprendre le monde sans en plus devoir influencer un nouveau petit être. Ce petit être était comme un rayon de soleil aux yeux de tous. Elle avait une vision du monde complètement positive. Kinta ne savait pas encore que pour que le bon soit visible, le mal était nécessaire. L'innocence l'habitat tout du long de sa vie. J'avais appris à l'aimer, à partager mon temps avec elle. Lorsqu'elle me posait des questions, je lui répondais le plus honnêtement du monde en essayant de la faire réfléchir. Je ne voulais pas briser sa magnifique vision du monde.

J'eus le cœur brisé lorsque l'on arracha cette douce enfant à moi. J'étais sa grande sœur, chacun de ses sourires était les miens. Chacun de ses pleurs était les miens aussi. J'avais appris ce que signifiait être une famille depuis peu et on m'avait privé de sa présence. Luma avait été capturée alors qu'elle cherchait à récupérer la dépouille de son aimé. Kinta s'était envolée à sa suite et moi, j'avais été capturée en cherchant à la protéger. Luma était morte en cellule quelques mois plus tard. J'avais poussé l'enfant à s'échapper. Je ne l'avais jamais revu à la prison. Ma captivité dura près d'un an avant que je ne trouve le moyen de m'échapper. Je n'oublierais pas la créature qui avait risqué bien plus que sa vie pour m'aider. Elle connaissait les enjeux mais elle connaissait aussi la peine d'être séparée d'un être cher. A défaut d'avoir pu sauver ma mère, elle m'avait aidé à m'échapper. J'appris plus tard qu'il n'y avait pas eu de répercussions. Peut-être qu'un ange gardien veillait sur elle finalement.
Je ne mis pas longtemps à rentrer à la forêt. Le chemin était encore tout tracé dans ma tête. Cependant, je ne m'attendais pas à découvrir que la jeune fille qui avait tant illuminé ma vie avait sombré dans une vision du monde si sombre qu'elle en était venue à se battre de manière inconsidérée avec les humains jusqu'à en périr.

Que me restait-il? Ma haine des miens qui n'avaient pas su protéger cette enfant encore influençable? Non, lorsque l'on passe le siècle, ce genre de sentiments s'estompe jusqu'à n'être qu'un souvenir. Non, la seule personne qui me restait réellement était ce vampire qui m'avait sauvée. J'avais une dette envers elle. Une dette qu'il me serait difficile de remplir étant donné que je vis son âme, quelques années plus tard, mais pas son corps...

Depuis ma captivité, mon pouvoir s'était enclenché. Les mois qui avaient suivi, j'étais devenue très distante avec les créatures qui m'entouraient. Je cherchais à comprendre les enjeux de ce don jusqu'à parvenir à y voir un moyen de régler ma dette. Ramener la paix était le meilleur moyen d'aider cette sage demoiselle, même si je savais que la paix était quelque chose d'éphémère.